– Peur du changement, poids du passé, angoisse+ Fin de cycle, transformation, passage à un nouvel état, maturité, recul philosophique
Le rêve étant le reflet de notre vie, toutes les phases et pensées relatives à celle-ci y sont présentes, même la mort. Cependant, il est presque impossible de se voir mourir en rêve. L’instinct de survie nous réveille instantanément pour nous tirer de ce mauvais pas. Dans ce cas précis, celui où nous avons le sentiment de mourir, le rêve reflète une angoisse existentielle. Il s’agit de la peur d’un changement personnel jugé si radical que l’ego se sent menacé. Il assimile cette transformation à une mort physique. Cette mort symbolise en fait la disparition de pensées ou de comportements qui n’ont plus lieu d’être. Ces attitudes nous desservent, et nous en sommes conscient. Cependant, le changement est toujours une chose nécessaire, quoique difficile. Chacun de nous est attaché au passé et n’aime pas les changements trop importants. Même si ce passé qui influe sur notre vie actuelle n’est pas parfait, nous y sommes habitué. Il est rassurant parce que connu. Le futur et ses changements sont beaucoup plus incertains. Nous devons tous mourir à l’instant passé pour renaître à l’instant présent. Alors, le futur se résout de lui-même.
Mais le rêve peut nous situer juste après le décès. Nous pouvons nous voir déjà mort et garder la conscience des choses. Chacun à cet instant projettera ce qu’il a plus ou moins imaginé à ce moment-là. Nous pouvons nous voir flotter au-dessus de notre corps, visitant le lieu où il se trouve et regardant les vivants continuer à s’activer. Nous pouvons nous élever vers une lumière blanche, rencontrer des membres de notre famille déjà disparus, nous dissoudre dans un océan de félicité, nous trouver en présence de divinités de notre culture ou, au contraire, de présences maléfiques. Bien souvent, cet état ne dure pas et nous nous sentons rappelé dans notre corps pour constater que nous n’étions pas vraiment morts.
Ces rêves sont initiatiques, c’est-à-dire très positifs. Il n’y a rien de morbide en eux, ni de terrifiant. Ils symbolisent une transformation réalisée, un renoncement, la fin d’un attachement particulier pour aller vers un plus grand bien-être.
Les projections oniriques concernant l’au-delà viennent confronter le rêveur à ses fantasmes ou à ses croyances intimes. Elles le confortent aussi dans la force de sa pensée ou, au contraire, lui font réaliser la fragilité de celle-ci, quand elles sont terrifiantes.
Si nous rêvons de la mort d’un parent proche, il n’y a pas là prémonition, seulement le souhait prohibé de le faire disparaître… Ces rêves correspondent au processus de mort symbolique nécessaire à notre évolution. C’est l’un des grands thèmes de la psychanalyse : chacun de nous doit un jour « tuer » son parent symbolique pour devenir un individu à part entière, c’est-à-dire adulte, indépendant et capable de devenir parent à son tour. Tant que la mère et le père n’ont pas été tués symboliquement, l’individu reste l’enfant de ses parents et reproduit les schémas qu’ils lui ont transmis sans vraiment les assimiler. Si nous avons reçu une éducation qui nous semble assez mauvaise, tant que nous serons attaché à nos parents, nous aurons tendance inconsciemment à nous comporter comme eux. De façon plus précise, ce sont les imagos, les représentations psychiques que nous avons de nos proches que nous faisons mourir dans les rêves, pas les personnes.
Qu’il s’agisse de notre mort ou de celle d’un proche, les rêves qui la représentent ne sont jamais négatifs, ni prémonitoires d’un décès prochain réel. La mort est ici symbolique. Elle correspond toujours à une transformation, au passage d’un état à un autre.
Certains rêves particuliers se révèlent relatifs à la disparition réelle d’un proche, mais indirectement. Ce n’est qu’une fois réveillé et informé que le rêveur pourra faire le lien avec un décès récent concomitant au rêve. Dans ce type de rêve, le décédé apparaît de façon bien vivante. Le plus souvent, il est habillé normalement ; il regarde le rêveur en souriant, dit peut-être quelques mots sibyllins ou simplement « au revoir » avant de disparaître. Ces rêves – qui sont des rêves de synchronicité1 et non pas prémonitoires – se produisent en même temps que le décès, le plus souvent. Ils sont très paisibles, jamais dramatiques. La mort physique n’est pour ainsi dire jamais représentée.
Nous pouvons aussi pressentir la mort d’un proche et la visualiser allégoriquement pendant le rêve, ayant perçu une forte baisse de vitalité chez un proche, une émanation de signaux spécifiques ressentis inconsciemment. Le cerveau agit comme un super ordinateur et donne un résultat fondé sur les calculs de probabilité qu’il aura faits durant le sommeil, basé sur les ressentis enregistrés.
1. Voir Entrez dans vos rêves et L’Interprétation psychanalytique des rêves, du même auteur, ainsi que Synchronicité de C. G. Jung.